Le 17 août 2021, les industries mondiales du transport maritime et du pétrole ont annoncé un accord visant à réduire les limites géographiques de la zone à haut risque de piraterie (HRA) dans l’océan Indien, car les incidents dans la région ont diminué au cours des cinq dernières années. Les changements sont entrés en vigueur le 1er septembre 2021 et ont entraîné une réduction de la zone à haut risque dans ses parties est et sud. Ses limites s’étendent désormais aux mers territoriales et aux zones économiques exclusives du Yémen et de la Somalie. Il est prévu que les étapes finales du processus soient achevées d’ici le 31 décembre 2021. Ce processus comprend une évaluation complète des menaces pour la sûreté maritime afin de permettre aux armateurs et aux opérateurs de mesurer pleinement le risque des voyages dans le monde entier. Cet accord fait suite à une évaluation réalisée par la région de l’océan Indien occidental et basée sur les résultats des études menées par le SHADE et l’opération ATALANTA de l’EU NAVFOR.
La HRA a été créée au plus fort de la menace de la piraterie somalienne en 2010 pour montrer aux armateurs, aux opérateurs et aux gens de mer où les pirates opéraient et où il était nécessaire de faire preuve d’une vigilance accrue pour éviter les attaques. Cette année-là, le Bureau maritime international a signalé que les pirates somaliens avaient détourné 160 navires et pris plus de 400 personnes en otage.
Les mises à jour ultérieures de la HRA ont permis de refléter l’évolution de la nature des menaces dans la région, notamment la réduction des attaques de pirates contre les navires marchands. Les évaluations ont mis en évidence que les groupes d’action de pirates et leurs chefs se sont tournés vers d’autres activités criminelles telles que la contrebande, en exploitant l’insécurité créée par la guerre civile au Yémen. Les évaluations montrent également comment l’armée et les forces de l’ordre kényanes dans le sud et aux abords de la frontière sud avec la Somalie arrivent à limiter les possibilités et les capacités des pirates à opérer dans la partie sud de la HRA existante, les principales bases de pirates étant situées plus au nord, à Galmudug et à Puntland.
La désignation d’une zone à haut risque fondée uniquement sur la menace de la piraterie somalienne était devenue obsolète, et un mécanisme plus dynamique était désormais nécessaire pour tenir compte de l’évolution de la menace dans la région. La réduction de la HRA aura plusieurs conséquences positives pour différents pays de la région, notamment le Kenya, dont les eaux font partie de la HRA depuis 12 ans. Ce changement permettra au pays d’économiser des millions de shillings en frais d’assurance et autres dépenses de sécurité, et pourrait ouvrir les ports du Kenya à de nouvelles activités. Cette nouvelle désignation profitera également à d’autres pays de la région, tels que l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Sud-Soudan, qui dépendent du port de Mombasa pour leurs exportations et importations.
Toutefois, le Centre de signalement des actes de piraterie du Bureau maritime international avertit que les pirates somaliens ont toujours la capacité de mener des attaques dans le bassin somalien et dans l’océan Indien. En janvier 2021, le Centre a indiqué qu’un vraquier avait été poursuivi par un esquif de pirates armés et équipés d’échelles dans l’ouest du golfe d’Aden, mais que les assaillants avaient abandonné après avoir reçu des tirs de sommation de l’équipe de sécurité du navire.
Dans le même ordre d’idées, bien que les industries du transport maritime estiment que la zone de menace a été réduite, elles ont recommandé aux navires et à leurs opérateurs de continuer à réaliser des évaluations de risques avant transit tenant compte des dernières informations publiées par la zone de comptes rendus volontaires (VRA) et la HRA. Une zone plus large a été désignée comme la VRA et les navires entrant dans cette zone sont encouragés à se signaler à l’UKMTO pour être suivis pendant le transit et à s’enregistrer auprès du Centre de sécurité maritime de la Corne de l’Afrique (MSCHOA). L’opération ATALANTA de l’EU NAVFOR poursuivra également son engagement visant à garantir la sûreté et la sécurité des gens de mer. L’opération a réajusté son mandat pour y inclure la surveillance des activités de pêche au large des côtes somaliennes, du trafic d’armes et de stupéfiants, du commerce illicite de charbon de bois et de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Compte tenu du caractère transnational de la criminalité maritime, le Conseil de l’Union européenne a décidé qu’ATALANTA contribuera également à faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Somalie, conformément à la résolution 2182 (2014) du Conseil de sécurité des Nations unies, et à lutter contre le trafic de stupéfiants au large des côtes somaliennes.